
Créer pour survivre : l’art numérique comme refuge en période de surcharge sensorielle
Quand on est une femme adulte sur le spectre autistique, chaque jour peut devenir un terrain miné. Les sons, les lumières, les sollicitations constantes — tout peut, à un moment donné, devenir trop. On appelle ça une surcharge sensorielle. Ce n’est pas juste être “fatiguée” ou “stressée”, c’est un état de saturation extrême où le système nerveux ne suit plus. Pour moi, dans ces moments-là, la création artistique devient essentielle.
L’art numérique, en particulier, est devenu mon espace de régulation, mon ancrage. Lorsque tout déborde, créer une image, manipuler les couleurs, me concentrer sur une composition visuelle me permet de me recentrer, de respirer à nouveau. C’est comme traduire un chaos invisible en quelque chose de tangible, beau, maîtrisé.
Créer, ce n’est pas un passe-temps pour moi. C’est une stratégie de survie, une manière de transformer une surcharge en expression, de redonner un sens à ce qui me traverse.
Je pense que beaucoup de femmes autistes non diagnostiquées — ou trop longtemps ignorées — ont besoin de ces espaces de création. Non pas pour fuir le monde, mais pour y revenir en un seul morceau.
Pourquoi l’art est-il si important pour une activiste qui veut sensibiliser aux enjeux vécus par les femmes?
Parce que l’art touche là où les faits n’arrivent pas.
Il dit l’indicible. Il contourne les barrières. Il ouvre les cœurs.
Quand on crée ou qu’on partage de l’art—que ce soit une peinture, un poème, une photo, une performance—on ne fait pas que dire ce qui ne va pas. On montre ce que ça fait. On rend visibles des expériences invisibles, supportables des vérités douloureuses, possibles des conversations difficiles.
L’art nous permet de reprendre le contrôle sur notre récit. De dire : Voici mon histoire, voici ma vérité, et tu ne détourneras pas le regard.
Pour beaucoup de femmes, surtout celles qui ont été réduites au silence ou incomprises, l’art n’est pas juste un outil. C’est une survie. Une résistance. Un retour à soi—et un pont vers les autres.
Et prétendre que tu ne comprends pas l’art, c’est ainsi dire que tu ne comprends pas la beauté ou les émotions. L’art est là pour faire sentir, pour toucher ce qui n’a pas de mots.
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